La réalité derrière les déplacements obligatoires
Dans le contexte actuel des négociations impliquant les 80 000 professionnelles en soins du Québec, la question des déplacements obligatoires imposés par l'employeur, euphémistiquement qualifiés de « flexibilité » par le gouvernement, se trouve au centre des débats.
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a choisi de porter à l'attention du public le vécu de deux infirmières confrontées à des demandes de déplacement contre leur gré, illustrant ainsi les dilemmes éthiques et professionnels auxquels le personnel soignant est confronté.
Annabelle Beaudry, infirmière en psychiatrie, et Tracey Beaudoin, spécialisée dans le suivi postnatal à domicile, ont toutes deux été sommées par leur employeur d'accepter des affectations dans des domaines où elles ne se sentaient ni compétentes ni préparées, soulignant un manque flagrant de considération pour leur expertise spécifique et pour la sécurité des patients. Annabelle a été pressée de remplacer en chirurgie sans aucune expérience dans ce domaine, tandis que Tracey s'est vue imposer un rôle en néonatalogie, loin de sa pratique habituelle.
Ces témoignages mettent en évidence les risques que ces déplacements forcés font peser sur la qualité des soins et la sécurité des patients, en plus d'ajouter un stress considérable sur les épaules des professionnelles en soins. Julie Bouchard, présidente de la FIQ, souligne que ces refus ne sont pas motivés par un manque de volonté de soigner, mais par une conscience professionnelle aiguë de l'importance de l'expertise et de l'expérience dans la dispensation de soins de qualité.
La FIQ critique vivement l'approche du gouvernement, qu'elle juge dépourvue de vision à long terme pour le réseau de santé québécois. Au lieu de promouvoir des solutions durables visant à améliorer et sécuriser les soins offerts à la population, telles que l'implémentation de ratios soignant-patient adaptés, le gouvernement persiste à proposer des mesures temporaires qui non seulement épuisent les ressources humaines existantes, mais les poussent également vers une sortie anticipée du réseau de la santé.
Cette situation alarmante appelle à une réflexion profonde sur les stratégies de gestion des ressources humaines dans le secteur de la santé au Québec. Il est impératif de reconnaître et de valoriser l'expertise du personnel soignant en assurant des conditions de travail qui garantissent la sécurité et la qualité des soins pour tous les patients.
La FIQ, représentant plus de 80 000 membres parmi les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes, et perfusionnistes cliniques, demeure à l'avant-garde de la défense des droits de ses membres, mais également de ceux des patients et du réseau public de santé. Son engagement féministe et son combat pour un système de santé équitable et sûr pour tous soulignent l'importance de sa voix dans les débats actuels sur l'avenir de la santé au Québec.
Source : Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ, communiqué de presse, 15 février 2024.
Publication Index Santé : 2024-02-15
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